Le premier, Julian, était divorcé. Il avait 2 filles qu’il voyait un week-end sur deux. Le second, Norbert, avait préféré rompre avec sa compagne qui lui était infidèle, pendant qu’il était en mer. Il décida alors, de retourner vivre avec sa mère de 75 ans, malade. Elle avait une dame de compagnie, en son absence.

Bien que le premier soit bien plus élégant, sur les photos, Eléonore, se laissa attendrir par Norbert. Elle admirait le fait qu’il puisse retourner chez sa mère, pour l’aider, et veiller sur elle. Elle n’imaginait pas cette possibilité, avec sa mère possessive, qui voulait tout contrôler.

La semaine suivante, Eléonore choisit de ne pas poursuivre les conversations avec Julian, pour se consacrer à Norbert. Chaque soir, à la même heure, ils discutaient pendant de longs moments, parfois toute la nuit. Eléonore lui avait parlé de son passé douloureux, avec des hommes qui l’avait heurté, trahis, menti… Norbert semblait si bien veillant, Eléonore commençait à prendre goût à tous les compliments et attentions qu’il ne se privait pas de lui faire. Il lui expliquait à quel point il aimerait pouvoir la chérir et pouvoir la traiter comme une princesse.  Il lui promit de lui envoyer un cadeau, si elle consentait à lui donner son adresse. Ce qu’elle fit avec plaisir. Le lendemain il lui confirma qu’il avait expédié le colis qu’elle devrait recevoir d’ici une dizaine de jours. Eléonore était pressée de découvrir le présent surprise, que Norbert lui avait concocté.

Norbert souhaitait échanger plus de photos, avec sa belle. Il apparaissait musclé, sur la plateforme, entouré de ses collègues.  Il avait l’air différent, d’une photo à l’autre. Eléonore, elle, choisissait des photos d’elle, plutôt marantes, sortie de sa douche, en louchant. Ou encore, avec une pile de livre sur la tête, à la limite de tomber. Elle aimait faire toutes sortes de grimaces. Ce qui amusait Norbert, qui était sous le charme.

Un soir, Eléonore essaya de le joindre en vain. Elle réessaya la nuit suivante. Norbert avait une petite voix. Sa mère avait succombé à sa maladie. Il semblait dévasté. Eléonore essaya de le réconforter. Il devait se charger des frais d’obsèques, malheureusement le versement de sa prime avait été retardée, pour des problèmes informatiques. Son salaire passait, pour presque la totalité, dans les frais hospitaliers et le paiement de la dame de compagnie. Il était désemparé. Il proposa à Eléonore de lui avancer la somme de 1500€ pour lui permettre d’offrir à sa mère un enterrement digne. C’était un gros montant, Eléonore hésita. Puis lui demanda un RIB pour qu’elle puisse lui faire un virement. Mais Norbert insista pour recevoir un paiement par mandat pour éviter qu’une partie soit absorbée par son découvert. Eléonore lui demanda alors, plus de renseignements personnels. Bizarrement, le nom était différent de celui de Norbert. Il prétexta que Norbert était son deuxième prénom, et qu'il le préférait au premier. L’adresse aussi semblait étrange. Norbert demanda à Eléonore pourquoi avait-elle besoin, de poser toutes ses questions, alors qu’il était dans la tristesse, à la suite du décès de sa mère chérie. Il lui réexpliqua qu’il ne s’agissait que d’un prêt et qu’il la rembourserait dès qu’il serait rémunéré. Eléonore s’excusa, en lui rappelant quand même, qu’il s’agissait d’une grosse somme d’argent. Norbert un peu agacé, lui rappela qu'une jeune femme de son genre, ne devait pas avoir de problème pour rendre ce service. Il se rattrapa aussitôt, en lui disant qu’il l’aimait de tout son coeur.  Il lui promit de venir la voir, pour lui rendre son argent. Eléonore lui indiqua que tout serait fait dans quelques heures, le temps pour elle de faire quelques manipulations sur ses différents comptes. Un coursier viendrait le lendemain matin lui apporter le mandat en main propre. Norbert lui envoya un message rempli de cœurs et de bisous.

Au petit matin, alors que Norbert attendait avec impatience de toucher le gros mandat, on sonna à sa porte. Il posa rapidement sa tasse de café sur la table, en en renversant la moitié. Une voix de femme le pressait d’ouvrir cette fichue porte. A sa grande surprise deux inspecteurs, spécialisés dans la cyberfraude, s’apprêtaient à l’arrêter pour escroquerie. Sa femme, qui était présente et qui s’occupait d’en faire autant auprès des hommes, fut également interpelée. « Eléonore » fut immédiatement prévenue, par son équipe, que les deux malfaiteurs ne seraient pas près de recommencer.